Rivages (extraits)
- Publication : 13 janvier 2012
revue ARPA, n°73-74
février 2001
Quinze ans voulus tout boucanés et couleur de tabac
étarqués aux vents amers, à l’émeute des sangs,
Quinze ans arrachés à la balancelle du hasard
qui toujours appareillaient
pour de plus hauts rivages
croyais-tu
je t’ai croisé, toi, enfant mon aïeul, dans une ruelle alanguie qui déroulait son bras au long de mes âges et les serrait d’un poing au cœur
de la baignade ses épis d’eau
son regard vient éclore
et l’enfant acrobate ébouriffé d’écume
tourneboulé, dans la main du vent,
à l’oreille me confie
je reste avec toi, le ciel et la mer
font la roue
et vient éclate et coule le fruit de mon rire
et sur le lancinant monologue des vagues
sa joie, joie babil de ses yeux
roule comme un ballon
muette, rincée de la nuit, sur le flanc un adieu qui s’allonge
l’aube poursuit la baie
nue
grève effilée de poil ras mouillé
dépouillée de ses ors et cuivres
bleus
voilà que sur l’estran lisse dans l’entrebâillement des marées
s’ouvre le linge d’eau noué à la hanche de l’horizon
la mer maintenant murmure
une
vague l’autre à mes pieds son clapotis ses boucles
peau rieuse au premier soleil tête naissante de l’aube
roucoulement des eaux dans les gorges et roches anfractueuses
les piastres de midi à tes chevilles se balancent
les flots pourpres baignent l’île de ton corps tes jambes tes seins
au jour couchant
viens