Biographie
- Publication : 26 septembre 2011
Naissance dans
la région parisienne en 1964. Enfance à la campagne, dans le Vexin. Enfance studieuse, croit-on. En vérité, le regard envolé par la fenêtre, se posant sur le jardin, les arbres de
la rue, le clocher, de rêverie en rêverie. Et un vélo vite enfourché pour les suivre et tenter de les rattraper sur les routes à travers champs.
Pas de livres à la maison mais des parents toujours disposés à en acheter. Une chance. Nombreuses lectures.
Une première révélation au collège. Avec un avant-goût de vacances, la professeur de français, cheveux longs au vent défaits depuis Paris par sa 2 CV décapotable, qui doit aimer la
vitesse à sa façon, a sorti de sa besace un texte. Il y est question d'un curé qui accepte de monter sur une moto. Ivresse de la vitesse et de la vie qui s'offre. Ravissement du curé.
Le mien également. Pour cette écriture et la moto. Je viens de lire Bernanos, un extrait de Journal d'un curé de campagne. Sur mon vélo, j'ai des ailes nouvelles. Je retrouverai
Bernanos bien plus tard.
Des classiques à l'adolescence. Mais bien vite les chiffres prennent le pas sur les lettres. Interne dans un lycée parisien. Etudes scientifiques.
Puis statistique et économie. Travail intense, rêverie bridée, lecture réduite. Reprends le vélo durant les vacances d'été comme facteur du village. Découvre les gens, leurs intérieurs,
leurs conditions de vie, leur monde. Quand je lis Simenon, je retrouve ces moments-là. Entre autres choses, j'aime sa tendresse pour tous ses personnages.
Viennent le premier emploi d'économiste et le premier choc littéraire : Un balcon en forêt de Julien
Gracq. Musique de la langue. Ecriture poétique. Phrase lente et précise de l'approche, de l'attente. Ebloui. « Si la langue française peut être cela, alors... ». Modestement,
je veux l'imiter. Un voyage en Afrique me fournit l'occasion d'un récit. Ecrire à l'oreille. Puis une nouvelle de-ci delà, j'écris peu. Après bien des années, l'insistance d'un ami
et le premier envoi. Récit de mes années d'internat. La joie de la première publication, à la revue Europe en 2000. Au fil des années, d'autres nouvelles, tantôt chez Europe et à la NRF, tantôt dans mes tiroirs. Ce qui les réunit ? Sans doute la fidélité à la promesse de l’enfance. Dans le monde du travail.
Je veux toujours la poésie dans
la prose mais avec un style plus incisif, plus mordant, avec la rage au ventre. A propos de Gracq qu’il admire néanmoins, l'écrivain Michel Chaillou m'avait joliment dit un jour :
« Il manque un coup de canif dans le drapé ».
Incursion en poésie. Immobiliser le temps. Saisir l'instant et ne pas le lâcher. Pour une déflagration de l’image, un rapt
des sens, l’explosante-fixe de Breton. Lecture de René Char. Poèmes publiés dans les revues Autre Sud et Arpa.
Deuxième choc littéraire : Faulkner. Lumière d'août, Sanctuaire, Sartoris, Tandis que j'agonise et le chef-d'œuvre Le Bruit et la Fureur. Enthousiasme. Que d'inventions ! Les courants de conscience, la simultanéité des voix, les chaos et les va-et-vient de l'esprit
dans la langue. L'écriture au plus près du psychisme. Des personnages avec leurs démons qui les précèdent et les mènent.
Ronde des économies qui montent et qui descendent.
Entre les heures à dé-chiffrer cet inquiétant manège, la pause déjeuner en auditeur clandestin à la Sorbonne pour un cours sur Claudel et Malraux. De l'un, lecture du théâtre. J'aime
aussi emporter à la mer son ode L'Esprit et l'eau. De l'autre, lecture des romans dont L'Espoir. Avec ses fulgurances. Pas d'attente. Dès la première page, l'événement
est là, l'Histoire est là. Elle est aussi présente chez Claude Simon. Autrement. Dans L'Acacia, elle rôde. Belle rencontre avec cette écriture. Séduit par cette langue, cette
phrase touffue, dense, en excroissance dans des instants qui durent.
Etudes de lettres, je retourne à la Sorbonne. Travaux sur l'œuvre de Jean Giono publiés dans la revue Poétique de l'Ecole Normale Supérieure de la rue d'Ulm et dans la
Revue Giono. L'irruption de la poésie dans ses romans d'avant-guerre. Un livre consacré à cette partie de l'oeuvre de Jean Giono, « Le temps suspendu, le Tout retrouvé »,
paraît en 2012 aux éditions L'Harmattan.
Après les études littéraires, la hâte de reprendre l'écriture. Me lance dans une longue nouvelle où je veux l'irruption de l'événement,
de la violence du monde, et de la poésie. Simultanément. Je veux la musique de la langue pour une lutte sociale. Sur une île montagneuse, un jeune guide fuit un monde qui le rattrape.
La nouvelle a bien navigué. J'ai gagné le grand large comme dirait Giono, je peux improviser une suite, je peux aller au bout. Cap sur le roman. J'apprendrai plus tard que Hemingway
procédait ainsi. Me voilà rassuré ! Publication du roman J'étais une île en 2008 aux éditions Jean-Paul Bayol. Puis parution du recueil de nouvelles Jours de plomb en 2013 aux éditions La Feuille de thé.
« Si la langue française peut être cela, alors... »
J'ai tenté, je tente toujours de prolonger cette phrase.